dimanche 4 juin 2006

Parce que des fois je me demande dans quelle vie vit-on ?

Témoignage lu dans une newsletter, tout ceci est une citation de cinéaste.org :

L'actualité du spectacle
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1. INTERMITTENTS EN GARDE A VUE A ANNECY

Nous avons reçu le mail ci-dessous. Ayant trouvé de nombreuses sources
qui confirmaient cette information, nous avons décidé de vous faire
passer le texte. A la demande de la personne à qui cette histoire est
arrivée, nous avons retiré son nom.
Vous trouverez plus d'informations sur les sites suivants :
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=28564
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=28623
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=2832
http://www.forget-me.net/fsd74/article.php3?id_article=591
Pierre pour cineaste.org

Des intermittents sont en ce moment convoqués par le commissariat
d'Annecy et mis en garde à vue.
D'après l'avocate consultée, pour se permettre de telles actions il y
aurait une couverture nationale. Quoi qu'il en soit voici un témoignage
à faire circuler car il met en cause nos droits fondamentaux.
Une action collective est en train de voir le jour pour répondre à ces
accusations, vous pouvez faire passer mon mail si vous connaissez des
intermittents concernés.
Cordialement
Claire Liétard
XX rue des XXXX
99000 XXXX
Tél. : XX 50 XX 83 XX
Mob. : 06 XX 32 XX 94
Mél : sur demande

Voici le texte de S., intermittente mise en cause :
Suite à une convocation sur mon portable au commissariat d'Annecy, et
sans aucune explication concernant le motif de cette convocation, je
me rends à 9h le matin au commissariat d'Annecy. Je n'avais pas la
moindre idée de ce qui m'attendait :
Là on me dit que je suis en garde à vue jusqu'àu soir, si tout va bien,
que j'ai le droit de voir un avocat, et de prévenir une personne de
mon choix.
Je sens s'écrouler un cube de verre imaginaire tout autour de moi et
dans ce fracas de verre brisé tous mes sens en éveil, je commence à me
sentir coupable, mais de quoi ?!.?!
On me demande de retirer mes lacets, et tout le cinéma (essayez donc
d'aller aux toilettes avec le flic qui garde la porte ouverte), photos
face profil avec l'ardoise noire, empreintes digitales, pas le droit de
passer un coup de fil par toi même ni de répondre à un appel, etc...)
On m'assène le coup sous les termes suivant : "escroquerie aux
assedic" On me récite mes droits, je saisis l'occasion de l'avocat
commis d'office pour avoir une heure de répit et avoir en face de moi
quelqu'un qui n'est pas un ennemi, c'est une petite pause salutaire.
Mais le pauvre n'est au courant de rien, n'a pas accès au dossier et
ne peut que me réciter des banalités, ça fait tout de même du bien de
parler à un être humain.
On commence par me nier le droit de me prétendre artiste, on me parle
d'émissions de télé, un autre flic arrive et décrit en rigolant la
dernière émission de la nouvelle star, "eux ont du talent ces petits
jeunes". Ma substance vitale est en train de me quitter.Et peu à peu
j'apprends que les Assédic ont déposé une plainte contre l'association
Abrasif... (je ne sais pas si je dois mettre le nom) avec qui j'ai
travaillé pendant trois ou quatre années comme relais pour mes heures,
cachets et interventions artistiques.
On me demande de signer une autorisation de perquisition alors que mon
domicile en Haute Savoie est celui de mon compagnon et que le mien est
dans les Alpes de Haute Provence, et sur mon refus, on me menace de
prolonger la garde à vue, de mettre "en bas" comme ils disent, avec
coups de poings sur la table, haussement de ton, et pressions
psychologiques. Je finis par signer pour avoir la paix, puis je
demande à me rétracter et là : re-menaces et haussement de ton. « Si
vous collaborez on en tiendra compte etc,.... »
Je finis par accepter la perquisition chez B. alors que mon adresse
officielle est à R. (alpes de haute provence) On me questionne sur des
faits remontant à 5 ans en arrière, qu'avez vous fait en 2001, 2002 ?
Je m'embrouille dans les dates, je n'aime pas le passé, je suis
toujours tournée vers l'avenir et je n'ai pas la mémoire des dates.
Nous aussi on a des problèmes de mémoire, on en a tous" me dit le
collègue du flic. On m'annonce qu'on a les moyens de me faire avouer
et que on verra tout à l'heure...je me sens prise dans un piège...j'ai
l'impression que je ne vais pas survivre à cela, ma tête me fait mal,
j'ai l'estomac qui fait n'importe quoi. Je vois mes parents mourir de
chagrin, ma maison saisie, mon couple démoli etc, etc....
Arrive l'heure de midi, on m'apporte le "plat Sarkozy", qui me donne
envie de gerber, l'odeur est à l'image du reste. La femme flic a peur
que je fasse un malaise et me force à manger...j'avale trois petits
poids...j'ai envie de vomir. ( finis les bons vieux sandwitch de
Maigret)
On perquisitionne au domicile de mon compagnon (50km) De retour au
commissariat, après avoir saisi tous mes feuillets et mes documents
professionnels, ainsi que ceux concernant ma compagnie artistique, on
m'interroge pendant encore 6 heures non stop sur ces documents, comment
se passe l'enregistrement d'un disque, qu'est-ce qu'un concert, un
spectacle, pourquoi telle facture ou telle pièce ? Des noms, qui est
ce musicien, vous avez répété combien de temps, -"ah, 12 heures de
travail, vous vous foutez de nous" etc...
On remonte depuis 2001, je ne me souviens de rien, je suis trop émue
pour pouvoir me défendre ou me justifier. Je m'embrouille encore plus
dans les dates. J'ai monté cette association loi 1901 pour pouvoir
fonctionner sur des projets artistiques tels que comédies musicales,
concerts, disques en souscription etc.. Je n'ai pas d'argent, jamais
reçu aucune aide ni aucune subvention de personne, je bosse des heures
et des jours et des nuits comme tout le monde pour mener à bien tout
ça comme un grand nombre d'artistes dans mon cas, je n'arrive pas à
mettre 3000 euros de côté pour changer ma voiture qui a 20 ans (brave
vieille nevada !) bref, la galère, mais le bonheur d'avoir choisi sa
vie et de pouvoir construire des projets artistiques. Om m'explique
que je vais devoir rembourser 47 000 euros (j'ignore d'où sort cette
somme, car cela voudrait dire que j'aurais touché plus de 900 euros
par mois des Assédic pendant 4 ans, ce qui est loin d'être le cas)
Vers 9h du soir (12 heures plus tard de destruction systématique, je
signe la déposition qui fait six pages, je n'arrive pas à relire,
j'aurais signé n'importe quoi pour qu'on me laisse partir. Je sens le
sol se dérober sous mes pieds, mon avenir s'écrouler, j'ai envie de me
foutre en l'air, je me sens humiliée et brisée.
Finalement, après un interrogatoire éprouvant de 12 heures, on me
laisse partir avec la tête en feu, une nausée violente et pas du tout
littéraire.
Non sans m'avoir demandé de faire la preuve de toute mon activité
artistique depuis 2001 -"sans quoi je considérerais qu'il y a eu
tricherie" ! Je suis restée sans voix pendant deux jours, pour une
chanteuse c'est amusant et j'ai souhaité de tout mon coeur trouver un
boulot au supermarché du coin, et ne plus entendre une seule note de
musique de ma vie.
Deux jours après, je me relève et je me dis qu'il ne faut pas baisser
les bras, ne pas leur donner raison, alors je repars sur le sentier de
la guerre, sur ma clé de sol avec ma boule dans la gorge mais aussi
l'envie de me battre et de ne pas en rester là.
Il y a beaucoup d'autres petits soldats de l'intermittence qui vont
passer comme moi sur le grill et j'aimerais bien qu'ils se
manifestent, pour que nous soyons plus forts ensemble pour nous
défendre et garder la tête haute.
Voilà comment, ne parvenant pas à faire disparaître le statut des
intermittents par les voies de la négociation, on tente de le faire par
d'autres moyens
S.

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